Ressources numériques en sciences humaines et sociales OpenEdition Nos plateformes OpenEdition Books OpenEdition Journals Hypothèses Calenda Bibliothèques OpenEdition Freemium Suivez-nous

B comme Brésil

Entretien avec Thiago Schuenck Linhares, comédien, metteur en scène de théâtre et enseignant (Brasilia, DF)

Réalisé, transcrit et traduit par Nathalie Carvalho et Jéssica Schuenck de Melo

28 mars 2021

Bonjour. Tout d’abord, nous voudrions te remercier de partager ce moment avec nous. Est-ce que tu pourrais te présenter et présenter ton travail, en nous racontant un peu de ton parcours professionnel ?

Je m’appelle Thiago Schuenck Linhares, j’ai 26 ans et je suis comédien et metteur en scène de théâtre à Brasilia – DF. J’ai commencé à travailler dans ce milieu quand j’avais 8 ans. J’ai travaillé pendant 16 ans dans une compagnie de théâtre pour enfants, Néia e Nando, où j’ai acquis toutes les bases du théâtre. On travaillait surtout avec le théâtre d’improvisation.

En 2011, à l’âge de 17 ans, j’ai été admis à la Faculté des Arts du spectacle de l’Université de Brasilia, où j’ai suivi des études pour devenir professeur. Pourtant, je n’ai jamais arrêté le théâtre. En 2018, j’ai quitté la compagnie Néia e Nando et j’ai rejoint une école de théâtre musical, qui s’appelle Empório Cultural, dans laquelle je me dédie au théâtre, au chant, à la danse et à l’enseignement.

J’ai participé à quelques projets à la télévision, mais je me suis vite rendu compte que je n’aimais pas les caméras. Ce que j’aime vraiment, c’est le spectacle vivant, être en contact avec le public.

Quelle est l’importance de la présence physique du public pour toi et pour ton travail ?

Sans public, il n’y a pas de théâtre. Ce qui a été créé pendant la pandémie est un théâtre modifié, une application du format cinématographique au théâtre. Ce qui est totalement valide, je ne veux pas commencer un débat sur la meilleure ou la pire approche. Je pense juste qu’on ne peut pas appeler ce nouveau format « théâtre ».

Dès la création du théâtre en Grèce, la présence du public a été nécessaire et l’échange avec ce public est très important : le théâtre apparaît comme une forme de rituel, auquel le public participe activement. Dès son origine, le théâtre est un phénomène collectif, et cette dimension interactive n’a jamais été perdue tout au long de son évolution. Généralement, on pense que l’interaction au théâtre ne se produit que si le comédien/personnage demande directement la participation du spectateur. Mais ce n’est pas que ça. Le théâtre est interactif parce que le spectateur peut complètement changer ce qui se passe en direct. Sa réaction, que ce soit par le rire, les pleurs, l’apathie…, tout cela change complètement le spectacle. Cet échange est nécessaire et varie de représentation en représentation. C’est pour cela que le théâtre est si vivant, si actuel. Chaque personne, en fonction de ses références, de son imaginaire, recevra la représentation d’une manière différente. Le spectacle est donc en constante évolution/construction grâce à cet échange. Si cet échange n’existe pas, il n’y a pas de changement, il n’y a pas de mouvement ; l’acteur stagne sans la réaction du public. Ce qui s’est passé pendant la pandémie, c’est qu’on a été privé de la présence du public. L’acteur n’a plus de public, il est de l’autre côté de l’écran. C’est comme si nous étions au cinéma. Le travail est fait, c’est fini, il n’a pas de vie, il n’a pas de mouvement. Le public le regarde autant de fois qu’il le souhaite, mais le comédien n’a pas accès à sa réaction. C’est pour cela que pour moi, ce qui a été créé pendant la pandémie ne peut pas être appelé théâtre ou cinéma, mais c’est une fusion des deux. Peut-être que, plus tard, les critiques définiront ce qui a surgi.

Plus précisément, pourrais-tu nous dire ce qui a changé avec la pandémie ? Quelles ont été les difficultés et les alternatives trouvées pour garder ce lien avec le public ?

Dans mon milieu qui est celui du théâtre musical, cela a été un peu plus difficile de trouver des alternatives. Plusieurs artistes ont fait des lives, mais c’est quand même compliqué, parce qu’il n’y a pas de réaction du public à la fin des chansons. La première alternative que nous avons trouvée, qui existait déjà avant la pandémie, c’est l’enregistrement des spectacles par la production. Ce qui a changé, c’est que ces captations n’étaient pas destinées à être mises à la disposition du public ; c’étaient des enregistrements réservés à la production, qui servaient de base à d’éventuels nouveaux montages ou à des demandes de financement. Alors, la première solution que nous avons trouvée a été de rendre accessibles au public ces spectacles déjà enregistrés, en leur demandant une petite contribution financière. Cependant, plusieurs problèmes ont surgi. C’est un spectacle enregistré, qui a déjà un public et qui n’a pas été conçu pour le format audiovisuel. Après un certain temps, nous avons commencé à enregistrer des spectacles dans le but de les envoyer directement au public.

La troisième alternative utilisée actuellement est le théâtre en direct. Les théâtres sont loués, les pièces mises en scène du début à la fin et transmises aux spectateurs chez eux.

Dans ce dernier cas, ny a-t-il pas de contact direct avec le public ? Ny a-t-il pas de retour du public ?

Il n’y en a pas. Les retours du public se font par les réseaux sociaux, après le spectacle : les gens partagent alors leurs expériences. Ce format est également très nouveau pour eux, car il ne s’agit ni de théâtre ni de cinéma, mais il préserve quand même une petite possibilité d’échange.

Bien que la relation avec le public ait été compromise, est-ce que tu ressens encore une présence ?

Pour être honnête, je ne ressens aucune présence. On est très éloignés du public, nous ne voyons pas les visages des spectateurs… La production est la seule qui accède à cette présence. La seule chose qu’on voit, ce sont les caméras avec lesquelles on interagit. Pour moi, c’est comme tourner un film. Les sensations du personnage existent… Ce que j’ai appris à faire, je le fais, cela ne change pas. Ce qui se passe, c’est qu’il n’y a pas de relation et d’échange avec le public. Ceux qui pensent pouvoir obtenir un échange avec le public ont sûrement eu une expérience différente de la mienne (d’autres formats de production, peut-être aussi, avec une plus grande présence du public). Via zoom, par exemple, je pense qu’il y a un échange. Comme on voit les réactions du public, l’interaction est plus grande. On voit ici l’importance de monter un spectacle adapté au format virtuel.

Est-ce que tu as été touché financièrement par la pandémie ? Est-ce que tu as reçu des aides du gouvernement ou d’organisations indépendantes…?

Je pense que tous les artistes ont été beaucoup touchés ici à Brasilia, d’autant que Brasilia ne fait pas partie de l’axe théâtral national. Même si on a le plus grand festival de théâtre de l’Amérique Latine, le Cena Contemporânea, c’est un secteur qui ne reçoit pas beaucoup d’investissements ici. Pour tout vous dire, le Théâtre National est fermé depuis 2014 car il n’y a pas de fonds suffisants pour sa rénovation. Rien n’est fait pour rouvrir cet espace, ce qui rend impossible la venue de productions d’autres villes. Les productions qui venaient et qui circulaient par ici ont cessé de venir, parce que nous n’avons pas un théâtre assez grand pour les recevoir.

Le problème, c’est que les politiques culturelles ne sont pas une priorité pour le gouvernement. À Brasilia, le gouvernement n’a jamais investi dans notre secteur. Je me sens privilégié car je suis aussi enseignant, mais mes collègues, qui ne le sont pas, cherchent des alternatives pour survivre.

Notre communauté s’est beaucoup unie pendant cette période. À Brasília, nous avons le Fundo de Apoio à Cultura – FAC (Fonds de soutien à la culture), instrument principal de promotion des activités artistiques et culturelles au DF, qui offre un soutien financier aux projets sélectionnés par le Secrétariat de la Culture. Lorsque le premier confinement a été décrété, en mars 2020, mon école venait de recevoir des fonds d’un FAC. On a dû interrompre la production du spectacle à cause de la pandémie et le gouvernement a suspendu le paiement. Maintenant, on se mobilise pour avoir notre argent.

En mars de l’année dernière, le gouvernement a approuvé une aide d’urgence (loi Aldir Blanc) destinée aux artistes – et tous ceux qui travaillent dans le milieu culturel – pendant la crise sanitaire. Mais cet argent ne leur a été versé qu’en janvier 2021. Cela signifie qu’on a eu près d’un an d’attente, avec de nombreux artistes à la recherche d’alternatives pour survivre.

Au niveau fédéral, on a la loi Rouanet. En janvier, le président a suspendu cette loi, ce qui a aggravé la situation des artistes et suscité la faillite de plusieurs institutions culturelles.

En plus du manque de soutien gouvernemental, on a également un autre facteur aggravant : un manque de représentation dans la sphère politique. Aucune autorité politique ne nous représente. Toutes les personnes désignées pour nous représenter sont des personnes qui n’ont jamais travaillé dans le secteur culturel, qui ne savent pas quoi faire, qui ne savent pas le nombre d’emplois qu’une production artistique exige… Notre communauté s’est unie, mais on doit s’unir encore plus pour élire des personnalités politiques qui défendent nos intérêts. 

Sur le plan de la mobilisation des artistes, as-tu ressenti des changements au long de cette dernière année (entre mars 2020 et mars 2021) ?  

Oui. Je pense que c’est un des points positifs de cette période. Nous, les artistes de Brasília, on était déjà très unis. Mais, il nous manquait une union dirigée vers une lutte politique pour nos droits. Et cette mobilisation a eu des effets, puisque maintenant, même si la politesse n’est pas vraiment au rendez-vous, le Secrétaire de la Culture nous répond. On a commencé à se faire entendre parce qu’on a fait pression sur le gouvernement. S’il ne nous vient pas en aide, les gens mourront de faim.

Ce qu’on voit également réapparaître, c’est la participation d’acteurs à des publicités pro-gouvernement. C’est très complexe : beaucoup d’artistes ne défendent pas ce gouvernement et participent à ces campagnes uniquement pour ne pas mourir de faim. Mais qu’est-ce qu’on peut y faire ? Imaginez que l’on vous offre 1.500 réaux pour travailler une matinée. Vous êtes contre le gouvernement, mais vous pensez : « cette somme correspond à ce dont j’ai besoin pour vivre tout un mois, je vais devoir le faire…» Alors, ce qu’on voit maintenant, ce sont des gens qu’on connaît qui n’avaient jamais fait de publicité pour le gouvernement et qui doivent désormais se soumettre à cette pression. Encore une fois, je réaffirme le privilège de ma situation. Comme je suis professeur, j’arrive à vivre avec mon salaire et je peux refuser ce genre de travail. Je ne critique pas ceux qui ont besoin de le faire parce que la situation est très difficile et c’est une des rares alternatives qu’on trouve en ce moment.

Le fait d’arrêter les activités en présentiel a-t-il été un choix personnel ou a-t-il été imposé par le gouvernement ?

Cela nous a été imposé en mars de l’année dernière. On a été le premier secteur à suspendre nos activités, justement parce qu’il s’agit d’endroits (les théâtres, les cinémas et les salles de spectacle en général) où les gens s’agglomèrent le plus. Généralement, ces espaces ne sont ni ventilés ni ouverts, puisqu’ils nécessitent de l’obscurité.

Spectacle Miss Saigon
Théâtre de l’Universidade Paulista – UNIP – Brasília, octobre 2019
© Empório Cultural de Brasília

Dans le cas de ma compagnie, la décision de ne pas reprendre les activités a été directement liée à l’impossibilité de chanter, danser et jouer, les trois en même temps, avec le masque. De plus, ce sont des activités qui exigent une bonne préparation physique, ce qu’on a perdu pendant la pandémie.

Pour revenir à la question centrale, la décision de cesser les activités a été imposée par le gouvernement, et continue de l’être, mais notre communauté n’y est pas opposée. On lutte pour l’instauration de mesures qui nous permettent de ne pas mourir de faim pendant cette période. Il faut que le gouvernement nous concède des subventions. Concernant le confinement, je pense que c’était la bonne décision, mais le gouvernement doit proposer des aides pour que les gens puissent rester chez eux, surtout les travailleurs indépendants.

S’il s’agissait d’un choix possible, est-ce que tu reprendrais les activités en présentiel dans les mois qui viennent (en respectant les mesures sanitaires recommandées par l’OMS) ?

Tout dépend de la vaccination. Si on me certifie que d’ici trois mois, 80 % de la population de Brasilia aura été vaccinée, je reprendrais les activités. Dans le cas contraire, je ne les reprendrais pas et j’aimerais que personne ne les reprenne, parce que cela implique un trop grand risque.  Il y en a qui ne prennent pas la maladie au sérieux, surtout ici au Brésil, où le président est négationniste. Il suffit de se promener dans les rues pour entendre des gens qui reproduisent son discours. Imaginer ces gens-là dans un théâtre ? Même avec les masques et la distanciation, cela reste un trop grand nombre d’individus dans un espace fermé. C’est un trop grand risque. Je pense que ce n’est pas le moment pour ça. On a d’autres inquiétudes. Ce dont on a besoin maintenant, c’est de l’aide du gouvernement pour traverser cette phase. Le gouvernement n’a pas pris le virus au sérieux et maintenant on arrive à 3 000 morts par jour. C’est absurde ! C’est très injuste qu’on soit dans cette situation, mais ce qui serait encore pire, ce serait d’être égoïste et de vouloir mettre des gens dans un théâtre, sans pouvoir garantir leur protection. Si d’ici trois mois, la majorité de la population est vaccinée, alors je serais d’accord avec une ouverture graduelle des théâtres.     

Je comprends tout à fait. Les mesures sanitaires ne sont efficaces que si les gens les respectent. Ceux qui n’y croient pas et ne les respectent pas, représentent un risque pour tout le monde.

Oui, exactement. Plus encore ici que dans d’autres pays, on vit une politisation du virus. Quand on commence à parler du virus avec un négationniste, on finit toujours par parler de Lula. C’est impressionnant, parce que les gens associent des choses qui n’ont pas de relation entre elles. Je vois des gens qui rient des morts, qui disent qu’avant la pandémie, les gens mourraient aussi. Bien sûr que les gens mouraient d’autres maladies, mais maintenant il s’agit de 3 000 morts quotidiennes qui pourraient être évitées. Et pas seulement au Brésil. On est en ce moment l’épicentre de la pandémie, mais dans le monde entier, il y a plusieurs pays dans des situations compliquées.

Pour revenir encore sur la réouverture des théâtres, je ne veux pas être le responsable de la contamination de l’équipe ou des 100 personnes qui seraient venues voir le spectacle. Mes élèves sont des enfants et ils ne portent pas correctement leurs masques. Et certains disent même que les masques ne servent à rien. Pourquoi ? Parce que leurs parents reproduisent ce discours négationniste. Alors, je ne veux pas vivre avec le sentiment de culpabilité d’avoir pu transmettre ce virus à quelqu’un. La santé doit être notre priorité ! On ne peut pas s’amuser avec ce genre de choses. La santé passe avant l’art, avant l’argent ou quoi que ce soit. Le Brésil a joué la carte de la sauvegarde de l’économie et, maintenant, notre population est malade et notre économie est en crise.

Tu as dit que, si cela dépendait de toi, tu ne reprendrais pas le présentiel avant que la population soit majoritairement vaccinée. C’est un avis personnel ou s’agit-il d’un consensus dans le milieu artistique ? Est-ce qu’il y a des occupations ou des mobilisations pour louverture des théâtres ?

Non. Il n’y a pas de mobilisations pour l’ouverture des théâtres, sauf à São Paulo, qui est le troisième pôle du théâtre musical dans le monde, juste après New York et Londres. À São Paulo, on voit un peu cette pression-là, surtout parce que les pièces achetées sont des franchises. Comme les producteurs doivent payer les droits d’auteur, les productions dépensent l’argent des spectacles sans qu’ils aient été présentés au public.

Ici à Brasilia, cette pression pour la réouverture des théâtres n’existe pas. Et si une réouverture se faisait, je pense que l’on n’aurait pas de public. Avant la pandémie, notre public était déjà petit. Maintenant, les gens ont peur. C’est ce qui s’est produit avec les cinémas… Ils ont rouvert, mais ils ont ensuite progressivement refermé d’eux-mêmes, parce qu’il n’y avait pas de public. Qui voudrait aller dans une salle fermée, sans ventilation, avec le risque de tomber malade ? Personne.

Alors cette pression pour la réouverture n’existe pas et je ne pense pas qu’elle existera, parce que tout le monde sait que nous traversons un moment difficile. Et puisque le virus est une affaire politique, il faut dire que les professionnels des métiers d’art sont majoritairement de gauche et donc contre le gouvernement. Il y a très peu de négationnistes parmi nous et tout le monde est conscient de la gravité du moment et de la responsabilité de chacun vis-à-vis de la santé d’autrui. Cette pression n’est présente que dans les grandes productions multinationales.

Cette dernière question dialogue avec la situation en France, où il y a un mouvement pour l’ouverture des théâtres. Plusieurs d’entre eux sont occupés et des artistes comme des étudiants se mobilisent pour le retour du spectacle vivant. Je voulais savoir si la même chose se produisait au Brésil.

C’est bizarre. La France n’offre pas plus d’aide aux artistes qu’au Brésil ?

Si. Le mouvement vise le renforcement et la prolongation de certains dispositifs d’aide déjà mis en place, mais il vise aussi la réouverture des théâtres. Il y a une mobilisation pour défendre la culture comme un service essentiel.

Même si le théâtre nous manque beaucoup, notre inquiétude première doit être la santé. Hier (le 27 mars), c’était la Journée Mondiale du théâtre. Cette journée a été vécue avec beaucoup de nostalgie sur les réseaux sociaux. La scène nous manque à tous, le contact avec le public, le contact avec nos collègues… Mais on a très peur et on ne veut pas revenir en présentiel. Je pense que la peur nous empêche d’être égoïstes, on ne peut pas penser qu’à nous. Je suis surpris d’apprendre cette mobilisation en France… Cela me semble voué à l’échec. Le théâtre est un lieu fermé, avec un système de climatisation, sans renouvellement de l’air, qui fait partie des exigences de l’OMS. Je ne pense pas que le masque et la distanciation suffisent à empêcher le virus de circuler. On a une responsabilité envers le public. Ceux qui ouvrent les théâtres doivent se sentir responsables pour ceux qui les fréquentent. Ce n’est pas le moment de ne penser qu’à nous-mêmes. C’est une responsabilité qui doit être assumée : est-ce que vous voulez être responsable de la mort de quelqu’un ? Parce que moi, je ne veux pas l’être. Ce n’est pas le moment de rouvrir. On aura notre retour, et ce sera super. On reviendra après avoir tous été vaccinés et en laissant cette pandémie derrière nous… et l’art a l’habitude de telles crises. L’art a traversé toutes les pandémies, tous les gouvernements, et il continue d’exister. Bien sûr, certaines archives n’ont pas survécu, de nombreux artistes ont été oubliés, mais on apprend de tout cela. J’insiste, l’art a survécu à tout ça et continuera à survivre. Nous, les artistes, nous sommes les instruments de l’art. Les instruments changent mais l’art demeurera toujours. Quelle histoire veut-on transmettre aux prochaines générations ? Est-ce qu’on veut se rappeler d’artistes qui implorent pour la réouverture des théâtres et de ceux qui sont morts à cause de cette décision ? Ou alors on attend notre moment et quand on reviendra, on reviendra avec un autre type d’art ? Je pense qu’il est bien mieux d’attendre et, quand on reviendra, on reviendra encore meilleurs que nous l’étions. 



OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
La servante (28 mai 2021). B comme Brésil. La servante. Consulté le 24 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/qql1